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Dçiiiizedoï Google
>J-iIh. 137?.?
HARVARD
COLLEGE
LIBRARY
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•^PRPflriDj|î|m5 •
Excursions Pittoresques
nux
tlCIEn.NES (fRnNGnS^NUnEIIT/lLES
' DE Ui
Flhmdre maritime..
• /Ibbayes des Dunes et deTer Doest •
• XIII* Siècls.-
COXYDE.* » » * ♦
WuLPEM . Fermes de
LlSSEWEOHE. BoCflERDE,
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Ter Doest. *
mec UN APERÇU historique phrV. Fris .
MfllSOH D'ÉDmOMS D?lRT-N.HEINS;9,RUEDE BRBBfllIT.
Dçiiiizedoï Google
ANCIENNES GRANGES MONUMENTALES DE
LA FLANDRE MARITIME.
Dniiizedoï Google
Dçiiiizedoï Google
AU PAYS DES DUNES.
EXCURSIONS PITTORESQUES
AUX ANCIENNES GRANGES MONUMENTALES
FLANDRE MARITIME.
ABBAYES DES DUNES ET DE TER DOEST.
ARMAND HEINS,
AVEC UN APERÇU HISTOSIQOB
VICTOR FRIS.
GAND,
Maison d'éditions d'art N. Heins.
igop.
fi, r;.e S'-Mloliel
— G AN D —
Dçiiiizedoï Google
f\)erm 137S.8
J
Dniiizedoï Google
INTRODUCTION.
Dçiiiizedoï Google
Dçiiiizedoï Google
^armi les curiosités monumentales les plus
) typiques se trouvant en Belgique, on peut
' signaler, dans la Flandre maritime, une
série de fermes immenses ayant appartenu aux
célèbres abbayes des Dunes et de Ter Doest,
toutes deux établies dans la région côtière.
Ces fermes, ou du moins leurs restes de bâti-
ments anciens, et surtout les granges gigantes-
ques qui s'y trouvent ou s'y trouvaient, se distin-
guent complètement de nos autres monuments par
leur aspect et par leur destination.
Ces constructions monacales lorment une caté-
gorie à part, très caractéristique.
Rien n'est comparable à la spéciale beauté et
à l'ampleur inusitée des pignons de ces granges
trop peu connues.
Les dimensions extraordinaires et les lignes
simples et nobles qui les distinguent, leur grand
âge aussi, car ces granges remontent au XIIP
siècle, nous ont paru dignes d'être signalées et
étudiées attentivement.
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Nous avons cru pouvoir soumettre au public
touriste de notre côte, cet essai de monogra-
phie qui constitue le résultat de nos recherches.
On a fait l'historique et la description détaillée
de la plupart de nos églises, de nos hôtels de
ville, de nos monuments civils et hospitaliers; on
a fait remarquer la splendeur des uns, la richesse
des autres.
On a négligé de s'occuper de ces constructions
en briques que nous allons examiner, si vastes
et si hautes qu'elles pouvaient abriter sous leurs
toits superbes, entre leurs larges murailles, les
récoltes les plus exceptionnelles.
Les biens agricoles possédés par les abbayes
des Dunes et de Ter Doest, dans notre région
dunière, nous le verrons plus loin, étaient
extrêmement étendus et nombreux.
Et d'autres centres monacaux exploitaient
encore d'importants territoires sur cette même
partie maritime de notre pays.
Nous allons rechercher l'origine de ces granges
d'une étonnante pureté de style, faire ressortir
leurs vastes proportions, et voir en quoi elles
peuvent être comparées à nos monuments les
plus réputés.
Au cours de nos investigations pour réunir
les éléments de ces monographies succintes, nous
avons dû constater que peu d'auteurs s'en sont
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— 9 —
occupés; sur ces granges il y a pénurie pres-
que complète de renseignements.
A part l'ouvrage : Lisseweghe, son église et son
abbaye de Ter Doest, par Léopold Van HoUebeke
(Bruges, typ. Edw. Gaillard, 1863), aucun travail
un peu complet n'a été consacré aux monuments
qui font l'objet de cette étude.
Seul, cet auteur donne une monographie
assez détaillée de la ferme et de la grange
superbe de Ter Doest, et il en souligne les
belles formes et les vastes dimensions.
En guise de courte préface il commence son
livre par ces mots :
« La publication des monographies de nos
édifices offre un intérêt incontestable pour la
formation d'une histoire complète de l'art national.
Les matériaux manquent encore pour un tel
ouvrage.
« Si tous ceux qui s'occupent d'archéologie
voulaient éditer les documents qu'ils possèdent
au sujet des monuments, et les appréciations
dictées par leurs connaissances et leurs recher-
ches, le goût des études artistiques n'en devien-
drait que plus vivace et la popularisation de
l'histoire monumentale en serait certes la bien-
faisante conséquence.
« Ce n'est que lorsque chaque édifice de
quelque importance aura sa monographie, qu'on
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arrivera à un. pareil résultat pour notre patrie,
dont les plus modestes villages possèdent des
trésors archéologiques aussi précieux, qu'inconnus.
{Juillet 1864, Bruxelles) >.
Les judicieuses réflexions et les bons avis de
Van Hollebeke, son appel qui ne fut guère
entendu, du moins pour le genre de monuments
dont nous nous occupons en ce moment, nous
frappèrent vivement.
Avidement, nous avons essayé de découvrir
les travaux que son livre voulait faire surgir;
ils n'existent pas, ou bien nous sont restés
inconnus.
Ces vœux, émis il y a tant d'années, sont
donc restés sans écho, probablement.
Au surplus, s'ils ne sont pas les classiques
célébrités qu'ont coutume de prôner les guides
et les albums, on ne trouve rien ou presque
rien sur certains monuments ou sites qui méri-
teraient cependant d'être signalés à nos archéo-
logues et aux touristes.
Les granges de notre côte flamande sont ainsi
de parfaits exemples de raretés presqu'inconnues.
Les lignes que nous venons de citer, emprun-
tées à un auteur qui avait surtout en vue
l'histoire des couvents dont il s'occupa, nous
encouragèrent à tenter de réunir quelques docu-
ments sur le groupe d'imposantes bâtisses qui
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les rappellent, dédaignées jusqu'à présent.
Nous désirions, depuis longtemps déjà, entre-
prendre ce travail.
Il nous parait neuf, et d'un certain charme
aussi ; celui d'exhumer quelques traces de la
vie de no& ancêtres et du genre de travaux
auxquels ils s'adonnaient.
C'est dans des chroniques heureusement pu-
bliées par la Société d'Émulation de Bruges, il
y a de nombreuses années, que nous trouvâmes
la plupart des notes de nature à établir quelques
points saillants pour l'âge et l'histoire de ces
granges si intéressantes.
Nous devons à l'aide très obligeante de notre
ami M' V. Fris, dont la science est bien connue,
d'avoir pu étendre ces notes préliminaires. C'est
grâce à lui que des renseignements très nombreux
et absolument sûrs viennent rendre ce travail très
complet au point de vue historique.
Ce ne sera pas la partie la moins intéressante
de cette étude.
Les courtes monographies que j'ai constituées
sont faites plutôt au point de vue pittoresque.
L'étude complète, technique devrions-nousdire,
des bâtisses en question, reste à faire.
Souhaitons qu'elle tente un architecte ou un
constructeur appréciant les curieux motifs à
rencontrer au cours de ces levés si désirables.
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Et cette autre monographie, définitive, devrait
se faire sans retard, avant que disparaissent
subitement et à jamais ces modèles achevés de
l'art de bâtir chez nos ancêtres.
On peut, malheureusement, toujours craindre
pour eux quelque soudaine catastrophe : un incendie
violent ou un ouragan.
Les tempêtes sont parfois d'une exception-
nelle intensité sur ces landes infinies; exposés
aux vents terribles qui viennent de la mer, toute
proche, les vieux murs se désagrègent progres-
sivement, fatalement...
Leur ruine totale serait très regrettable; ces
pignons imposants et superbes témoignent de
l'éveil de la civilisation dans une contrée qui
devait être morne et inhospitalière, aux âges
anciens.
1905. A. Heins.
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APERÇU HISTORIQUE.
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Secau de l'abbaye de Ter Doest ou de Thosan (Lisseneghe).
au haut moyen-âge, la côte des Flandres
1 ne présentait pas cette ligne régulière et
I unie qu'elle offre de nos jours ; le rivage
et la mer ne se côtoyaient pas sans se péné-
trer; des baies étroites, parfois profondes, décou-
paient notre frontière du nord.
Une longue accalmie, durant laquelle la côte,
L'auteur de cet aperçu historiqu:, M. V. Pris l'a accompagné,
dans le Bulletin de U société d'Histoire et d'archéologie de Gand
où il a paru eo 1905 (livraison x) et dans une édition spéciale de
notre monographie, de très nombreuses notes bibliographiques
que nous avons cru pouvoir supprimer ici.
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— l6 ^
grâce au comblement partiel des criques et
l'émersion de la plaine maritime, semblait s'être
définitivement assise, fut suivie, depuis l'an
mil, d'une longue période désastreuse pour
rotre littoral, et cette tourmente ne cessa
qu'après 1570.
Donc, de nouvelles tempêtes se déchaînèrent
qui rompirent les dunes, tandis qu'un léger
affaissement du sol permit aux flots de recon-
quérir le terrain perdu pendant près d'un siècle
et demi; et ces terribles inondations balayèrent
sur le rivage les villages et leurs habitants qui
s'étaient fiés au calme passager du flot perfide.
Les vagues coupèrent cette fois le littoral de
larges estuaires, les Jîima ?«(jm des documents;
les marées remontèrent parfois les cours de
l'Yser et de l'Aa jusqu'à une longue distance
de leurs embouchures.
Le danger constant des brusques inondations
forcèrent les populations de la Flandre maritime
à se fixer à distance des moeren qui s'étaient
formés sur l'emplacement de l'ancien httoral.
La côte semblait donc destinée à un abandon
complet, d'autant plus que la plaine maritime
était séparée du reste de la Flandre par la
grande solitude boisée qui courait de Gand vers
Thourout, bordée au nord par la grande bruyère
flamande du Bulscampvelt et continuée jusqu'à
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— 17 —
la Colwide par le Vrijbusch; à l'est, la contrée
fangeuse dite le pays de Waes était séparée
des Quatre Métiers par un rideau de forêts.
Par quel miracle pourtant ces marais {mariscœ)
et ces landes (wastinœ) disparurent-ils dès le
début du XII* siècle pour se transformer en
gras pâturages, en riches campagnes dont la
fertilité arrachera aux voyageurs étrangers des
cris d'admiration? Quels furent ces hommes
persévérants qui, non contents de fixer des
bornes à la mer et à l'Escaut, firent des acquêts
sur les flots et le'' fleuve pour créer de fécondes
terres arables?
Ce furent les grandes abbayes clunisiennes et
cisterciennes, fondées non loin du littoral vers
la fin du XI* et au commencement du XII'
siècles, qui se chargèrent de cette vaste entre-
prise. En 1084, le Clunisien saint Amould jeta
les bases de l'abbaye de S'-Pierre à Oudenbourg
derrière le bras oriental de la vieille Yperleet.
Quelques vingt ans après, en 1107, une com-
munauté de Cisterciens s'établirent au delà de
l'Yser sur la lisière maritime, où ils érigèrent la
célèbre abbaye de la Vierge dite des Dunes,
lez-Coxyde. Celle-ci ne tarda pas à créer deux
filiales : l'une. Ter Doest, ancien prieuré établi sur
le territoire de Lisseweghe dès 1106, fut annexée
en 1174; l'autre, Clermarais près Saint-Omer, fut
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— i8 —
créée par Fulco, abbé des Dunes en 1138.
Les nombreux moines de ces abbayes entre-
prirent de défricher les landes et de dessécher
les marais afin de mettre ainsi en valeur les vastes
territoires de notre côte flamande et des bords
du Hont jusqu'au fond extrême de la Flandre
Zélandaise.
Aidés par de nombreux laies ou frères convers,
imités bientôt par les associations ou wateringues
des petits paysans libres de la côte, les moines
élevèrent derrière les dunes, qu'ils avaient d'abord
atterries au moyen de joncs, d'épines et de bru-
yères, de longues digues {dyken ou barmen) et
des escarpes {scelveringhen) ; les moeren furent
drainés au moyen d'un système d'aqueducs
{waterghanc) et d'égouts {goten ou ryolen), et trans-
formés en polders {paludaria). De nombreuses
terres neuves [novalen) s'étendirent bientôt le
long de la côte de Dunkerque à Saeftinghe. De
plus on rendit arables les bruyères {virgulta) et
les wastines (woestijnen), grâce à un système
très intelligent d'irrigation; des canaux (sckipleci),
rendus d'ailleurs propres à la navigation par suite
de la construction d'écluses [speyeii) et de plans
inclinés [overârach] , partaient des fossés {zijde-
linghen) en tous sens. Profès et convers fixèrent
les alluvions {sdiorren, aer.u-eerpy voorland), com-
blèrent les criques {krekeii, ghenîen). De la moer
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— ig —
desséchée {effossum niorum), on extrait la tourbe ;
sur le rivage de la mer, on fabrique le sel. Dès
la fin du XIP siècle, la lisière maritime, jadis
aride ou bourbeuse, ne présentait plus qu'une
suite ininterrompue de riches pâturages, où
paissaient le gros et le menu bétail, et de gras
polders, couverts de riches moissons. Partout
s'élevèrent des fermes et des granges que diri-
gèrent des frères convers, plus rarement des
moines profès.
Les Clunisiens d'Oudenbourg n'ont pris qu'une
faible part à cette fertilisation de la lisière ma-
ritime. Mais à part quelques parties colonisées
par les abbayes de Bourbourg, de Cambron, de
Notre-Dame de Courtrai, de Saint-Pierre de Gand,
de Baudeloo, de Tronchiennes, on peut i£re que
la conquête de notre côte actuelle jusqu'à l'ori-
gine du Hont est l'œuvre des Cisterciens des
Dunes et de sa filiale Ter Doest.
Le point de départ de la fortune des Dunes
git dans l'importante donation que Thierry
d'Alsace fit au premier abbé, Fulco, en 1129,
leur accordant autant de dunes qu'ils voudront
en mettre en culture; les moines des Dunes usèrent
largement de cette permission. Après avoir gagné
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les rives de l'Yser par l'acquisition de terres
neuves, l'abbaye obtint à Hemme les terres du
prévôt de Bruges en 1139, et vers 1142 plus
de cent mesures de terre (44 hectares) à Wul-
pen, d'un certain Alnoth. Philippe d'Alsace, dès
le début de son règne, favorisa les Dunes
d'importantes concessions; tour à tour, il leur
donna la terre de Waldach, la Synthe et Mar-
dick et le Vormoer.
L'énumération des biens des Dunes sous
l'abbé Idesbald (1155-1167) montre l'importance
des acquisitions de l'abbaye, cinquante ans
après sa fondation.
Aussi vers 1174, malgré le grand nombre de
convers affiliés à l'abbaye, il fallut distribuer
les terres neuves aux pauvres pour y attirer la
population, l'abbaye ne pouvant plus suffire à
leur exploitation. On sait d'ailleurs que Philippe
d'Alsace s'associa à cette mise en culture de
la côte, fit dessécher de grands territoires et
éleva les digues du Zwin. Avec la fin du règne
de ce prince, les donations aux Dunes ne font
qu'augmenter, et, en conséquence, sans cesse
le cercle d'activité des moines s'élargit : dès
1183, dans le pays de Furnes seul, on possède
1500 mesures de terre; en 1188 les possessions
franchirent le Zwin et atteignirent Aardenburg.
Huit ans après, grâce aux libéralités de Baudouin
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■ — 21 —
de Constantinople, on gagna le nord du métier
d'Hulst : Ossenesse et Hontenesse sur le Hont,
deviennent la propriété des Dunes. Jeanne de
Constantinople ne voulut pas se montrer moins
généreuse que Philippe d'Alsace ; bientôt les
moines passèrent le Hont, qui était alors un
mince cours d'eau, et s'établirent dans l'ile de
Sud-Beveland. De grandes fermes furent élevées
aux environs de Hulst, à Zande, Hengstdijk,
Frankendijk, toutes près de Hontenesse.
C'est particulièrement sous l'administration
de Nicolas de Bailleul, le ii'abbé (1232-1253),
que Jeanne prodigua ses faveurs aux Dunes.
< Nicolas, » dit le chroniqueur Adrien de But
(fi488), < fut prospère dans toutes ses entrepri-
ses. Durant les vingt et une années qu'il
gouverna les Dunes, supérieur à tous ses prédé-
cesseurs, il administra, tel un second comte de
Flandre, les affaires de son église avec une
rare énergie; il construisit de très beaux et
somptueux édifices, par exemple le portail du
monastère, le dortoir des convers avec un
< pollorium » et leur infirmerie. A Zande il fit
édifier deux grandes granges, une chapelle et des
maisons habitables ainsi qu'une porte ou aumô-
nerie. De même, une grange à , Franckendijck,
qui fut détruite par les Gantois durant les
guerres de Flandre au milieu du XV" siècle.
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D'autres granges furent construites dans nos
fermes (curtes) de Hemme, des Allaertshuyzen
{Alnothi domus), qui lut brûlée plus tard, de
Boomgaerd et du Nêerhof des Dunes. »
Si l'on compare la liste des possessions de
l'abbaye en 1246 avec celle énumérée plus haut
de 1167, on se fera une idée du chemin par-
couru par les agriculteurs de l'ordre de Cîteaux
en moins de quatre-vingts ans. Outre la grange
de Synth e-lez-Mardick, on y trouve les fermes
de Moer avec 420 mesures de terre et de
Voormoer, les granges de Hemme-lez-Pervyse
avec 780 mesures, celles des Allaertshuyzen
près Wulpen avec 700 mesures, dans les
Quatre-Métiers, celles de Zande, de Noorthof
et de Frankendijk, près les terres de Hulst et
de Moorshooft; dans le seul métier de Hulst,
l'abbaye possédait 5000 mesures {2200 hectares)
de terre endiguée et 2400 de terre non endiguée.
Sous l'abbé Thierry (1256-1266), le construc-
teur de la belle église des Dunes (13 octobre
1262), on entoura de murs et de fossés les
fermes et les granges; ce fut lui qui, avec la
comtesse Marguerite, endigua 800 mesures de
terre à Axele. Jean d'Oostburg (1288-1293)
éleva l'hospice de l'abbaye et les nouvelles
granges de la Synthe et de Franckendijk; mais
en 1287, la mer ayant rompu les digues, il
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— 23 —
tâcha de recouvrer la terre de Zande sur les
flots; seulement, pressé par la voracité des
usuriers auxquels il avait emprunté de l'argent,
il dut par trois fois disperser les moines de
son couvent, dit Adrien de But.
Les difficultés de Gui de Dampierre, d'ailleurs
également pressé par ses créanciers, avec son
suzerain Philippe le Bel, le forcèrent à vendre
ou à donner aux Dunes de grandes propriétés
dans le métier de Hulst ; en 1292, c'est 1133
mesures, l'année suivante 408 mesures; 75
bonniers en 1297, et 160 bonniers deux ans
plus tard. C'est l'époque de l'épogée des ac-
quisitions des Dunes. La confirmation de Gui
de 1295 est éloquente à cet égard.
Malheureusement, l'abbaye travaillait avec des
capitaux d'emprunt.
Deux grands maux affligeaient en effet le
monastère : d'un côté, les inondations terribles,
devenues très fréquentes depuis le milieu du
XIII' siècle; en 1245, puis après 1265, enfin
en 1287, l'irruption des flots vint détruire les
acquêts péniblement gagnés sur l'élément liqui-
de par la patience des convers.
L'autre plaie fut l'usure : tombés entre les
mains des Aldobrandini de Sienne, de Jean de
Paris et des Crespin d'Arras, et de la Com-
pagnie des Perruches, les abbés luttèrent pen-
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~ 24 —
dant quarante ans contre la ruine imminente
de leur monastère. En 1310, les dettes de
l'abbaye s'élevèrent à une somme immense.
Pour sortir de cette impasse, les abbés décidè-
rent de se débarrasser des convers, et d'allouer,
moyennant un cens élevé, par un bail précaire,
les terres des polders à des fermiers laïcs; les
convers ne se laissèrent pas dépouiller sans
résistance et nous verrons à Ter Doest le frère
Guillaume de Saeftingbe, le héros de Courtrai,
tuer à cette occasion le cellérier de l'abbaye.
A partir du milieu du XIV' sièisle, grâce à
cette exploitation nouvelle des terres, les finances
se relevèrent et une nouvelle ère de construction
commença. Gautier de Strijck (1354-1376) orga-
nisa de vastes endiguements. Jean Thome
(1376-1406) reconstruisit la grange de Zande et
en répara et construisit d'autres; il fit le long
du Hont des acquisitions fort importantes. Son
successeur Thomas de Gorenbitere {1406-1418)
continua les travaux d'endiguement, et acheta à
Jean Sans Peur la sckorre de Saeftinghe, derrière
le Polder de Jean de Namur (Naemenpolre) .
Là s'arrête la grande expansion foncière des
Dunes ; désormais les moines reçurent ou
achetèrent des manoirs, des refuges et des
fermes dans les villes et villages. D'ailleurs,
les grandes inondations de la fin du XIV' et
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— 25 --
du commencement du XV' siècles ruinèrent en
grande partie les possessions des Dunes dans
la Flandre Zélandaise.
Et, à la même époque, les guerres flamandes
du XIV et de la fin du XV= siècle détruisirent
une foule de fermes et de granges de l'abbaye :
celles de Zande, de Hengstdijk et de Lepe
furent brûlées par les Gantois le i" juin 1348.
Arnold Janszone rompit en 1384 avec ses com-
pagnons la digue d'Oude-Ossenesse, et les 560
mesures de terre englouties par l'inondation ne
purent être reconquises qu'en 1468 par l'abbé
Jean Crabbe. Entretemps la guerre des Gantois
contre Philippe le Bon vint causer de nouveaux
dégâts; celle contre Maximilien ruina complète-
ment le pays maritime.
L'histoire de l'abbaye de Ter Doest suit une
marche parallèle à celle de son aînée. Moins
importantes que celle des Dunes, ses posses-
sions s'étendirent particulièrement sur les iles
de la Zélande. La presque totalité des contours
de Sud-Beveland lui échurent par héritage ou
donation. Avant 1164, Ter Doest possédait déjà
quatre cents mesures de terre dans cette île;
en 1196, lui échurent des biens aux environs
Dçiiiizedoï Google
— 26 —
d'Aardenburg; l'année suivante, elle s'assura la
propriété de tout le territoire de Lîsseweghe,
où elle était établie. Plus tard ses fermes et
granges s'élevèrent à Krabbendijk (Sud-Beve-
land) en 1187, à Reimcrswalle dans les environs
en 1214; le seigneur de Voome lui cède en
récompense des endiguements, des terres à
Middellant (Tholen), Bommenede (près Brou-
wershaven), à Oosthoek; autour d'Aardenbourg,
l'abbaye acquiert plus de cent mesures de terre
et la grande grange de Groede-lez-Breskens ;
puis le Patauspolder et des terres à Maldeghem,
En 1231, Ter Doest ne possédait pas moins
de deux grangia à Saeftinghe, tandis qu'elle
obtenait neuf ans plus tard dans Sud-Bevelant,
Kruininghen et ses 323 mesures près de Krab-
bendijk et Monsterhoek. La même année 1240,
on restitua à Ter Doest, la ferme d'AUebrands-
weert et ses terres dans l'île de Putten,
auxquelles s'ajoutèrent en 1262, Morlodenesse
près de Krabbendijk, le polder de Frankendijck
et des terres à Wulpen en face de Cadsant,
Les deux confirmations des biens de Ter
Doest en 1246 et 1276 nous permettent de
juger de l'importance de ses accroissements
successifs en moins de trente ans.
Grâce à cet essor, vers 1244, on put con-
struire cette splendide église de Thosan, plus
Dçiiiizedoï Google
— 27 —
remarquable sans doute que la belle église
de Lisseweghe que nous admirons encore
aujourd'hui, et quarante ans plus tard, l'abbé
Guillaume de Hamme put achever les magnifiques
bâtiments de l'abbaye. Dans la West-Flandre,
s'élevèrent ces belles fermes que les Français
détruiront en 1641 et 1650.
Mais, maigre l'endiguement d'un nouveau
moer en 1285, l'acquisition de Heiligenberg
et de Gagheldonc lez-Hulst, la confirmation en
l'année 1295 par Gui de Dampierre de
quelques biens à Schoonendijke, Aardenbourg,
Maldeghem, Uytkerke, Zuenkerke, Dudzeele,
Ramscapelle, Coudekerke au quartier de Bruges,
malgré tous ces accroissements, pour les mêmes
raisons qu'aux Dunes, l'année 1300 marque
pour Ter Doest le commencement de la déché-
ance : l'abbaye ne devait pas moins de 7814
livres à ces créancier? ; il fallut aliéner des
terres, demander en 1310 à Robert de Béthune
la permission de vendre 500 mesures de terre.
Quatre ans après, la situation était tellement
critique qu'au chapitre général de l'ordre de Cî-
teaux, on s'en alarma et une enquête fut ordonnée.
La dette du monastère se montait à gooo livres
de forte monnaie ; il fallut vendre Heiligenberg,
Aldebrantsweert, Oosthoek, Bommenede, les fer-
mes de Monsterhoek, avec deux cents mesures
Dçiiiizedoï Google
— 38 —
de terres, les fermes de Crabbendîjk et de
Oosthoek, avec trois cents mesures, et la
petite cour de Nieuwerkerke. En 1329, la crise
était à son comble et la faillite imminente.
Ici aussi, on expulsa les convers pour vendre
ou louer les terres moyennant un cens précaire
aux petits paysans; on sait comment les frères
laïcs se révoltèrent sous Guillaume de Saeftinghe
en 1308.
Nonobstant cette exploitation nouvelle, et con-
trairement à l'évolution heureuse de l'abbaye
des Dunes, la filiale de Ter Doest ne se releva
guère des coups que lui portèrent les flots, les
guerres de Flandre et les usuriers. Pourtant
vers 1470, l'abbé Laurent de Vriendt fit con-
struire les fermes de Cràbbendijk et de Monster-
hoek ; vingt ans plus tard on rebâtit les fermes
de Grauwe et en 1550 celle de Pilsbroecke,
L'abbaye resta stationnaire depuis le commen-
cement du XVI' siècle; ses bâtiments ne furent
plus modifiés; lors de l'érection de l'évêché de
Bruges, Thosan fut donné à Rémi Drutius, et
c'est ainsi que P. Claissins en peignit le pano-
rama en 1561. Malheureusement dès 1571, l'ab-
baye fut détruite par les paysans réformés de
■Westcapelle et de Ramscapelle. Tombée com-
plètement en décadence vers 1594, elle fut
cédée par l'évêché de Bruges aux Dunes en
Dçiiiizedoï Google
— 39 —
1624 et réunie à l'abbaye-mère. La ferme de
Lisseweghe, où est conservée une des belles
granges monumentales, appartient actuellement
à l'évêché de Bruges. Elle lui fut abandonnée en
1833 par le dernier religieux des Dunes, retiré
alors dans le couvent à Bruges ; ce fut l'acte final
d'une association religieuse qui avait duré plu-
sieurs siècles. »
Quant aux Dunes, leur fin fut aussi misérable
que celle de Ter Doest. D'abord le lent enlise-
ment de l'abbaye des Dunes sous les sables
avait fait concevoir à Rémi Drutius, évêque
de Bruges, l'idée de céder Ter Doest aux Dunes,
car Thosan était trop endetté pour continuer
l'exploitation de ses fermes. Les troubles de
Flandre empêchèrent la réalisation de ce projet.
L'abbaye, pillée une première fois par les ico-
noclastes en 1566, fiit ruinée et saccagée par
les Calvinistes en 1577. Pierre Fourbus nous a
heureusement conservé dans un grand tableau,
aujourd'hui à l'Hôtel de Gruthuuze à Bruges,
l'exacte physionomie de ce vaste établissement
religieux. La vue panoramique que le peintre
nous a tracée, fait connaître la situation précise
des bâtiments conventuels, leur destination, et,
tout autour de l'enceinte, le coin de pays dunier
où ils s'élevaient.
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Pour comble de malheur les possessions de
l'abbaye dans le pays de Hulst s'étaient abîmées
sous les flots lors de la terrible inondation de 1570:
Saeftinghe et Saint-Laurent disparurent à jamais.
Bien que ruinés ou lamentablement malmenés,
les bâtiments du vieux monastère furent encore
habités par les moines.
Mais le 7 septembre 1590, les rebelles osten-
dais incendièrent les Allaertshuizen, la célèbre
ferme d'Alnoth qui remontait à la seconde moi-
tié du XII° siècle et qui comprenait six cents
mesures de terre. Les religieux se retirèrent à
Bruges, dans leur refuge du Houtbrekersdam.
En 1593, une nouvelle bande détruisit la grange
de Boomgaerde, et l'année suivante ce qui
restait de la ferme des Allaertshuizen. Grâce
au retour offensif du prince Albert d'Autriche,
les moines purent revenir s'établir à Boomgaerde
en 1601 ; mais, vingt ans plus tard, ils durent
le quitter à nouveau, se fixèrent à Bruges et y
élevèrent en 1628 un nouveau monastère, devenu
aujourd'hui le séminaire épiscopal. C'est à cette
époque, nous l'avons vu, que Ter Doest retour-
na à l'abbaye-mère.
Depuis, les Etats de Hollande accordèrent
(1646) les biens des Dunes au métier de Hulst,
au prince d'Orange, et le roi d'Espagne confirma
cette donation au traité de Munster : encore à
Dçiiiizedoï Google
— 31 —
cette époque, le revenu annuel de ces posses-
sions se montait à la somme de 80,000 florins.
Les moines végétèrent dès lors dans leur cou-
vent à Bruges; la communauté finît en 1833.
Si nous avons cru devoir jeter ce bref regard
sur l'histoire de Dunes et de Ter Doest, c'est
pour mieux montrer leur expansion domaniale
aussi énorme que rapide. D'après les donations
énumérées plus haut, on peut évaluer au chiffre
élevé de 24000 mesures de terre (10,560 hectares)
les possessions des Dunes à l'époque de sa
grande splendeur, vers la fin du XIII' siècle;
quant aux domaines de Ter Doest, ils atteignent
à peu près le tiers de ce nombre.
Si l'on .tient compte du fait que, malgré
l'inondation de 1570 qui noya Saeftinghe et
Hontenesse, et les déprédations des paysans
calvinistes à la même époque, les domaines
des Dunes au seul métier de Hulst rapportaient
encore en 1648 la somme énorme de 80.000
livres, — on pourra se faire une idée du nombie
et de l'importance des fermes {curies, villae) et
des granges {grangia, scurrae) destinées à re-
cueillir les innombrables charges de blé, d'avoine,
de seigle, de gaude, de navets, de vesces et
Dçiiiizedoï Google
— 32 —
autres légumes. Remarquons que chaque fenne
exploitait en moyenne 500 mesures de terre
{220 hectares), et bien que le système de jachère
triennale persista même dans les polders jusqu'au
début du XV*^ siècle, le rapport de ces cultures
énormes devait nécessiter la construction de
granges immenses. Inutile de dire que la petite
grange franque du paysan libre de la Flandre
maritime ne pouvait convenir ici; il faut admettre
plutôt que les Cisterciens rapportèrent de France
le plan de ces vastes constructions, qui ont
plus d'un rapport avec les granges que Clair-
vaux et Cîteaux avaient élevées dans leurs
domaines. N'oublions pas qu'outre les récoltes,
elles devaient abriter les dîmes et les redevances
en nature.
Toutes celles de Flandre étaient tellement
grandes qu'on -y pouvait célébrer la messe.
Nous avons pu voir également que contraire-
ment à la moyenne ordinaire de cinq à six
granges que possédait chaque monastère cister-
cien, les Dunes dépassaient notablement ce
chiffre : on peut évaluer à une vingtaine le
nombre de granges attachées aux fermes dont
moines et convers avaient jalonné les rivages de
la mer et les bords du Hont.
V. Fris.
Dçiiiizedoï Google
DESCRIPTION DES GRANGES ENCORE
EXISTANTES.
oï Google
Dçiiiizedoï Google
^Illgous allons maintenant à la recherche
«mXJi des restes de granges anciennes qui
^i^^^ peuvent se trouver encore, soit sur nos
terres de Flandre, au Fumes-Ambacht et dans
les environs de Bruges, soit près de Dunker-
que, soit enfin aux abords de l'Escaut occidental,
dans la Flandre Zélandaîse.
Et dans cette reconnaissance, supposé que le
document historique prouvant l'origine cister-
cienne des bâtiments fasse défaut, les dimensions
inusitées et les formes particulières des granges
conservées nous seront un guide des plus sûrs.
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FERME DE BOGAERDE PRÈS DE COXYDE.
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Ferme de Bogaerde, à Conyde.
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On trouve sur le territoire de Coxyde l'im-
mense ferme, aux constructions monumentales,
qui porte le nom de Bogaerde.
A quelque distance de la ferme, au coin d'un
chemin qui franchit, sur un vieux ponceau, le
Langhelis, cours d'eau naturel, et se perd ensuite
dans les dunes vers la mer, voici une petite
Chapelle de Saint Idesbalde à Co^cyde.
chapelle blanche proche de quelques maisons de
pêcheurs, que des taillis rabougris abritent des
vents.
C'est la chapelle dite d'Idesbalde; en face
de cette minuscule construction se voyaient,
il y a quelques années, des substructions de
bâtisses en larges et grosses briques, qu'un
chercheur patient avait retrouvées sous les sables;
Dçiiiizedoï Google
— 40 —
C'étaient les restes de la grande et puissante
abbaye des Dunes, qui, comme on l'a vu plus
haut, fut fondée au XII' siècle.
Les moines de cette abbaye avaient acquis, à
cette époque, la terre de Bogaerde, voisine de
leur couvent, par une donation de Walter Cath.
Dans cette ferme de Bogaerde, visitée par
nous à diverses reprises et dont la situation,
dans le voisinage des dunes, est vraiment
pittoresque, nous voyons des bâtiments très
anciens, du XIII' siècle, parmi lesquels, indé-
pendamment de la grange dont les deux pignons
opposés sont si curieux, il y a une autre
Vue principale (lace sud).
construction qui, elle aussi, date visiblement du
XIII' siècle; nous en parlerons bientôt.
Dçiiiizedoï Google
A et A Ancienne grange.
B. Bâtimmt du XIIl' S -
C. Logis du fermier.
D. Verger.
E. Niche à chien.
F. Porcherie.
G. Prairies.
H.-I. Étables.
J. Entrée.
Plan de ia ferme de Bogaerde, à CoJiyde.
Dçiiiizedoï Google
— 42 —
Quelques bâtiments plus récents sont signifi-
catifs et, comme la date de 1612 est marquée
sur l'un d'eux, près d'une tourelle qui domine
tout l'aggloméré agricole, nous y voyons la
confirmation du fait qu'à cette époque, les moi-
nes de l'abbaye ensevelie sous les dunes, étaient
venus habiter leur ferme de Bogaerde, et en
avaient renouvelé certaines parties.
Il y a donc, dans cet enclos important, une
grange monumentale. Le plan ci-dessus indique
sa situation, à droite d'une vaste plaine centrale,
011 un abreuvoir circulaire de grande dimension
Détails de la corniche en briques moulurées de la grange.
(Ferme de Bogaerde).
Dçiiiizedoï Google
— 43 —
est creusé. La grange, nous le remarquons par
les croquis que voici, offre des motifs de déco-
ration intéressants, notamment ces petites arca-
des, en briques moulurées, qui formaient le
cheneau ou la corniche des parois latérales ;
une certaine partie en est conservée intacte.
Les pignons principaux, où le plein cintre et
l'ogive sont employés comme couronnement des
baies, sont les seuls restes de la grange primitive.
L'aire énorme qui les sépare est l'emplace-
ment de ia grange du XlIP siècle : sur une
■de ses faces, à l'Est, vers la grande cour dont
Grange de Bogaerde (face nord).
nous parlions, une grange de construction rela-
tivement moderne est établie.
Dçiiiizedoï Google
Elle n'a" que la moitié de la hauteur et de la
largeur de celle qu'elle remplace.
Ferme de B^aerde (revei
de la Eace Nord).
Un mur bas part de la grange, au fond de
la vaste cour, et limite celle-ci vers la cam-
pagne. Il aboutit aux bâtiments du XVII' siècle.
Dans l'angle que fait ce mur, près de cette
habitation du fermier, nous avons à signaler un
bien intéressant détail de construction et qui,
certes, paraîtra digne d'examen.
C'est une niche à chien, dont les proportions,
les lignes architecturales et les matériaux con-
structils ne peuvent laisser de doute quant à
l'âge.
Nous avons là une petite curiosité d'insigne
rareté.
Dçiiiizedoï Google
— 45 —
Les colossales briques, simples ou moulurées,
qui furent utilisées dans la construction du
mur d'enceinte et dans celle du logement du
chien de garde (voir ces briques ondulées dans
la couverture du mur), sont de l'espèce
Niche à chien du Xllle siècle, dans la terme de Bogaerde.
désignée sous le nom de « Moeffen ». Elles
ont, du reste, la dimension de celles qui ser-
virent à la construction de la grange même et
à celle d'un autre bâtiment que nous avons à
décrire à présent.
Dçiiiizedoï Google
-46-
Mais avant de quitter ce coin pittoresque qui
L'autre câté de la niche à chien, dans la (erme de Bogaerde.
date du XVII' siècle, signalons les curieuses
dans la ferme 'àt Bogaerde.
Dçiiiizedoï Google
— 47 —
bases de colonnes romanes, en grès rose du
nord de la France, ornant le seuil de la porte
de la maison d'habitation.
Celle-ci se termine par une sorte de chapelle
à pans, formant un petit chœur. Puis, vers
l'entrée de la ferme qui est défendue par
une large porte cintrée et une autre plus petite,
remarquons un vaste ensemble, de .belle propor-
tion, ayant probablement formé l'habitation ou
Ferme de Bogaerde.
Infirmerie des Convers (XIU* siècle).
l'infirmerie des ouvriers convers qui desservaient
la vaste ferme, au moyen âge.
L'arc plein-cintre et une belle ogive en
Dçiiiizedoï Google
tiers-point sont les éléments architecturaux que
nous rencontrons dans ce bâtiment important.
Lui aussi, sans au-
cun doute, remonte au
XIII' siècle.
Remarquons le joli
motif des contreforts, et
, la porte romane dessinée
ci-dessous.
Ajoutons, avant de
terminer cette revue des
curiosités architecturales
de « Bogaerde >, qu'il
CoDtrelorls à Boglrdl X ^' ^U picd du grand
pignon Sud de la grange,
et tout autour du bassin —
ou abreuvoir, jonchant
le sol, des restes de
sculpture en pierre,
dont nos croquis indi-
quent la forme.
Les pierres bleues, -
moulurées, dont on va 7'
voir le dessin, sont de
grande dimension et ."■
constituent sans aucun '
doute des restes de =_
bâtiments importants .,_. ->,_^- -
Dçiiiizedoï Google
disparus soit ici, dans la ferme de Bogaerde soit
dans l'abbaye des Dunes elle-même, qui était
à petite distance.
Moulures en pierre dans la ferme de Bogaerde.
Ce sont des témoins très caractéristiques de
constructions dont la trace est perdue.
oï Google
Dçiiiizedoï Google
FERME D'ALLAERTSHUIZEN PRES
DE WULPEN.
Dniiizedoï Google
Dçiiiizedoï Google
^■^Qne deuxième ferme, celle qui, dans les
fij^K pièces authentiques très anciennes, porte
n)SIb« le nom de : < Alnothi domus » , a con-
servé un pignon monumental.
C'est celui de la vieille grange des * Allaerts-
huizen >.
Nous la trouvons dans le voisinage des dunes,
aux environs de Wulpen, entre Fumes et
Nieuport.
Ce reste important d'architecture cistercienne
du XIII* siècle mérite notre examen attentif.
Nous comptons au nombre de nos excursions
les plus curieuses en ce pays de vastes landes,
celle que nous fîmes à cette ferme pour voir
son pignon extrêmement imposant, quoique ruiné.
Depuis des années ce pan de mur cyclopéen,
véritablement grandiose, entrevu au fond des
campagnes en allant en chemin de fer de Dix-
miide à Fumes, nous intriguait. Un jour, il
nous fiit presque possible d'y atteindre.
Nous avions voulu aborder cette vaste exploi-
Dçiiiizedoï Google
— 54 —
tation agricole, en venant de Nieuport. Mais
nous nous perdîmes dans un enchevêtre-
ment de prairies et de fossés, — et nous
dûmes renoncer à arriver au terme de notre
promenade. Le bloc de maçonnerie qui cachait
un grand triangle de l'horizon ne nous mon-
trait pas alors sa façade principale; il se
profilait en revers.
Nous vîmes, à distance, un groupe de
bâtiments au fond duquel le pignon énorme se
découpait entre les arbres.
C'est l'an dernier, en 1904, ayant mieux
dirigé notre excursion, et en partant cette 'fois
de Wulpen, que nous pûmes enfin arriver au
pied de ce pignon imposant.
A des lieues sa masse se découpe sur le ciel,
et les arbres voisins, émergeant du groupe des
bâtiments de la ferme, leur forment une ceinture
noire très impressionnante.
Nous avons traversé les terres plates aux
pâturages infinis, qui sont la beauté de cette
région du Fumes- Ambacht.
La ferme est exactement au centre du grand
triangle de pays qui a pour coins Nieuport,
Fumes et Dixmude.
Après avoir passé par Wulpen, village qui a
conservé une intéressante église dont des parties
ruinées n'ont pas été rebâties, et traversé le
Dçiiiizedoï Google
Le grand pigoon de U grange d'Allaertshuùen.
Dçiiiizedoï Google
cimetière de cette commune, on se trouve à
une grande distance encore de la ferme que
son immense façade signale à l'horizon.
Grange d'Allaertshuizen (face arrière du grand pignon).
Par le sentier qui, au delà d'un petit pont,
devant l'étendue énorme de prairies qu'il faut
franchir, tantôt longe un pré, tantôt passe sur
Dçiiiizedoï Google
— 57 —
un ponceau de bois, tantôt file en ligne droite
au travers d'une vaste prairie couverte de
bétail, on arrive enfin à ce pignon gigantesque.
Découpé, déchiqueté, il fait face aux landes
plates que nous avons parcourues. Au temps
jadis, il en devait conserver les riches et
merveilleuses moissons.
Autour de lui, maintenant bien dégénérées,
sont la ferme et ses granges de taille ordinaire.
On ne voit tout d'abord que le vaste
triangle de briques patiné par le temps et le
soleil : en approchant, on détaille les beaux
contreforts qui montent au sommet de ses
versants, ses fenêtres romanes et le bel ap-
pareil, en immenses « Moeften », dont il fut
construit.
Tous les éléments sont de plein cintre : les
ouvertures étroites, encadrées d'une sorte de
fenêtre aveugle, et l'arc, dont on aperçoit une
trace entourant la grande baie qui était la
porte charretière vers la campagne. C'est la
même disposition qu'à Ter Doest et à Bogaerde;
cette large porte était placée à l'extrême droite
de l'un des pignons.
Nous répétons qu'ici, à Allaertshuizen, le pig-
non de la façade Sud est seul resté debout, soute-
par de puissants contreforts; le pignon opposé,
les murs latéraux, le toit gigantesque ont disparu.
Dçiiiizedoï Google
-58-
Nous avons dit combien sont mesquines les
annexes que cache actuellement le vieux mur
coloré. Les autres constructions, au fond et
Contrercrls de la grange d'Allacrtshuizcn.
autour d'une très grande cour, avec des pigeon-
niers pittoresques, sont du XVII'^ siècle tout au
plus. L'ensemble forme un enclos étendu, qui,
Dçiiiizedoï Google
. — 59 —
avec son encadrement d'arbres que le vent de
mer tord et dénude, a grande allure.
L'histoire, ou du moins les documents relatifs
à cette ferme d'Allaertshuizen se réduisent à
quelques citations éparses dans les chroniques
parcourues par nous et que M' V. Fris a
relevées dans la notice qui précède la présente
étude.
Aux AUaertshuizen nous n'avons rencontré,
■en dehors du pignon gigantesque, aucun détail
qui parût être de haute antiquité.
Son attirance est grande, et les croquis que
nous en avons faits donneront, nous l'espérons,
une idée suffisante des dimensions extraordi-
naires et de la beauté de ce reste vénérable.
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FERME DE HEMME, PRES DE PERVYSE.
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"Il-
5ÎÎ^-'
V
Dçiiiizedoï Google
^oici la troisième ferme importante ayant
mi appartenu à l'abbaye des Dunes et dont
3 les restes peuvent avoir de l'intérêt pour
nous. C'est celle de Hemme située près de
Pervyse (environs de Dixmude).
Sur toute cette immense surface des landes
qui s'étendent, plates et coupées de . fossés
serpentants, entre Fumes, Dixmude et Nieuport,
on voit, à distances à peu près égales, des
fermes énormes, aux grands toits de chaume
ou de tuiles, aux murs éclatants de blancheur.
Celle de Hemme est encore l'une des plus
importantes. Isolée dans un coude de l'Yser
canalisé, le beau fleuve aux eaux claires qui
coule vers Nieuport et la mer, elle est à une
lieue de Pervyse, et près d'un pittoresque hameau
qui porte le nom de Schorbraecke,
Les , constructions qui fonnent la ferme de
Hemme se présentent à nous, comme aspect
et distribution, probablement de la même façon
que les bâtiments anciens qu'elles remplacent.
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- 64-
Ceux-ci ont, par la suite des temps, dû être
ruinés ou incendiés. En tous cas, il n'y a plus,
au Groote Hemmf, de grange de dimension
considérable, comme devait l'être celle qui, au
XIII" siècle, y fut bâtie par le grand construc-
teur de granges, Nicolas de Bailleul, abbé
des Dunes.
Nous croyons que celle de Hemme pouvait
avoir l'importance, l'aspect et les dimensions
de celles de Bogaerde près de Coxyde, et
des Allaertshuizen, qui furent construites en
même temps, par le même abbé.
Les granges que nous trouvons ici au nombre
de trois, sont de proportions plutôt modestes.
Nous avons fait un croquis de l'ensemble de
cette ferme intéressante, avec son corps de
logis à clocheton, ses étables et ses annexes
nombreuses.
Cette ferme voisine avec une autre qui s'appelle
Kleine Hemme. Cette dernière est plus près de
Saint-Georges, le village à pittoresque église,
qui est relativement proche de Nieuport.
Au Groote Hemme, une large muraille blanche,
percée d'une porte charretière et d'une autre
pour piétons, est ornée, si je puis ainsi dire,
d'un écriteau assez rébarbatif que j'ai transcrit,
et l'on conviendra que ces mots ; Alwie zich
verstottt in dezen wal te komen visscken, stelt zick
Dçiiiizedoï Google
-65-
hlool aan kriiid en lood, sont peu engageants et
de nature à faire réfléchir les braconniers d'eau
■douce; les inoffensifs pêcheurs sont éloignés
d'une iaçon assez brutale de ces fossés d'enceinte.
Mais nous avons dépassé le mur ou plutôt le
porche, et nous voici sur une sorte de vaste
terrain surélevé.
Les terres, provenant du creusement du
séculaire fossé, ont formé cet immense tertre.
Les bâtiments, dont notre croquis mar-
que la disposition, furent élevés au XVIP
siècle apparemment, et nous avons pensé que
leur silhouette pouvait trouver place dans ces
pages.
Notre désillusion de ne plus trouver ici les
constructions très anciennes que nous cherchions,
fut compensé par la promenade intéressante
que nous fîmes pour atteindre Hemme et puis,
l'ayant quitté, pour rencontrer l'Yser aux belles
eaux. Près de la gare de Pervyse, on voit
encore les silhouettes intéressantes d'autres
fermes.
Modestes relativement, et constnùtes au XVIII'
siècle, elles profilent sur la rase campagne de la
région, vers Nieuport, leurs pignons blancs et
leurs longues toitures couvertes de chaume.
Dçiiiizedoï Google
Dçiiiizedoï Google
FERME DE L'ABBAYE DE TER DOEST
LISSEWEGHE.
Dniiizedoï Google
Dçiiiizedoï Google
ù)ous avons vu jusqu'ici des restes archj-
j tecturaux intéressants à Coxyde, à Allaer-
' huizen près Wulpen, et à Hemme, fermes
ayant toutes appartenu à des dépendances de
l'abbaye des Dunes.
Examinons maintenant les traces de vieilles
constructions que nous pourrons trouver en
divers endroits et qui ont fait partie de fermes
dépendant directement de l'abbaye de Ter Doest,
sdoï Google
— 70 —
qui, nous l'avons dit, filiale de celle des Dunes,
était établie à l'autre extrémité de notre côte
de Flandre, près de Lisseweghe,
C'est aux approches de la grande et splendide
tour de ce village de Lisseweghe, à l'ombre
de la colossale église qu'elle domine, que nous
visiterons maintenant la ferme de Ter Doest. •
. Elle est située à un quart de lieue de Lisse-
weghe en venant de Dudzeele, donc de la
direction de Bruges. Les constructions que nous
offre cette ferme sont les restes de l'antique
abbaye de Ter Doest ou de tous les saints,
« Thosan, » comme le disent les vénérables
chartes.
Le site est mélancolique ; de grands arbres
font un couvert sombre aux bâtiments éparpil-
lés, et cachent en partie la belle grange du
XIIP siècle, dont la masse imposante se prolonge
et se profile superbement entre les vieux troncs
tordus.
Près du large canal qui relie Bruges à la
mer, vers Zeebrugge, et à hauteur de Lisseweghe
à peu près, un chemin quitte la route qui longe
ce nouveau canal et passe devant une petite
chapelle du XVII' siècle ; un coude brusque, et
.les constructions anciennes se présentent, domi-
■ nées par les pignons pointus qui font l'étonnement
du regard.
Dçiiiizedoï Google
— 71 —
La grange que nous trouvons ici est la seule
de toutes celles que nous avons examinées dont
les dimensions, les détails, la construction
toute entière soient restés intacts. Ayant pénétré
par un porche du XVII' siècle dans la vaste
cour plate et nue de la ferme, nous en voyons
le pignon le moins intéressant; il est caché sur
toute sa largeur par des constructions basses qui
sont des porcheries, etc.
Grange de Ter Doest.
Longeons le mijr latéral, avec ses contreforts
«t ses fenêtres romanes; une porte charretière,
qui paraît renouvelée, se trouve au milieu de
Dçiiiizedoï Google
— 72 —
cette longue façade. Contournons la grange et
voici le grand pignon, faisant face à Dudzeete,
dont le croquis précédent montre la . belle
ampleur, le noble caractère.
Ici nous trouvons, sauf à la porte d'entrée
qui a un arc plein cintre, les formes ogivales
primaires. Ces grandes et hautes baies aveugles,
à double lancette que couronne un œil de bœuf»
Intérieur de la firange de Ter Do«Et
Dçiiiizedoï Google
— 73 —
donnent à la construction un aspect de vaste
église sans tour ni transept.
L'intérieur est remarquable par ses dimensions
inusitées, îa complication de ses charpentes-
colossales, s'élevant sur des piliers en chêne
brut placés sur des blocs de pierre. Tout cela,
dans la demi -obscurité du lieu, fait impression.
Un curieux détail : dans les murs latéraux on
trouve de ces petites baies aveugles, à pierres
de couverture inclinées, motif que nous rencon-
trons à Gand, dans les tours de l'église Saint-
Jacques notamment.
Petites baies aveugles de la grange de Ter Doest,
Dçiiiizedoï Google
— 74 —
C'est ici le moment où il faut domier quelques
renseignements sur les dimensions extraordinaires
de nos granges et particulièrement sur celle
dont nous nous occupons. La grange de Ter
Doest a, selon Jean d'Ardenne (p. 348-350 de
la Côte de Flandre), une longueur de SS^So,
22^75 (Je largeur et 30'"75 de hauteur à la
pointe du pignon, ce qui est plus de la moitié
de la hauteur de la tour du Beffroi de Gand,
bien entendu du massif en pierre de celui-ci.
Dans son travail sur Bruges et les environs,
James Weale dit que cette grange de Ter Doest
serait de ia8o.
Celles que nous avons examinées avant elle
sont plus anciennes encore, car nous avons vu,
plus haut, dans des pièces d'archives, que l'abbé
Nicolas de Bailieul, XP abbé des Dunes, aurait
lait construire la grange de Pomerio, ou Bo-
gaerde, celle de Alnoti, ou Allaertshuizen, entre
1232 et 1253. Datant amsi, avec celle de Hemme
disparue et celle qui était dans la basse-cour
de l'abbaye même des Dunes (voir le tableau
qu'en a peint Fourbus), de la première moitié
du XIII' siècle, on s'explique que les formes
romanes dominent dans leur construction.
Notre grange de Ter Doest, plus jeune d'un
bon quart de siècle, accuse des formes plus
nettement ogivales, remarquables surtout aux
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grands pignons; seules, la grande porte d'entrée
et les petites fenêtres latérales ont un arc roman.
Une description détaillée de cette construction
grandiose est donnée par Van Hollebeke (voir
l'ouvrage cité dans la préface), avec des vues
<t des détails se rapportant à celle-ci, ou à
des restes épars d'architecture disséminés, à
son époque, dans les coins de la ferme.
Le temps a, du reste, accompli son œuvre
depuis le demi-siècle qui vieillit l'œuvre de cet
auteur; ces restes ont disparu, cachés ou couverts
de végétations.
Dans les bâtiments de la ferme, qui, elle
aussi, comme à Bogaerde, a une tourelle
«'élevant sur l'entrée de l'habitation du fermier,
il y a une ancienne cheminée très curieuse ; elle
■est formée de deux pieds droits à têtes d'homme
et de femme, du XV' siècle au moins. Les
■murs de la salle commune à laquelle cette
■cheminée appartient a des carrelages bleus et
d'autres teintes, émaillés, et formant motif
d'encadrement symétrique à une petite chapelle
murale.
Nous quitterons cette ferme solitaire, où
règne un calme absolu, et dont la vaste et
impressionnante grange est la seule intacte,
répétons-le, de celles que nous étudions, pour
regagner soit Dudzeele, soit Lisseweghe. Dans
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le village de Dudzeele, un beau reste d'archi-
tecture romane a été conservé devant l'église
nouvelle.
C'est l'ancienne tour de la primitive église
— un bloc trapu et de construction assez
barbare, en pierres des champs, dites Veldsteemn.
Il est de silhouette intéressante, et quelques
détails en sont dignes d'examen. Nous pouvqn&
aussi quitter Ter Doest en nous dirigeant vers
Lisseweghe tout voisin.
Là se dresse cette merveilleuse église du
XIII'' siècle en briques, dont nous pariions en
commençant ce chapitre. Elle est d'imposante
silhouette avec sa belle grosse tour, connue de-
tous ceux qui, de Bruges allant à Blankenberghe,
jettent un coup d'œil sur la campagne à droite.
Ce coin de pays est donc d'un intérêt
archéologique incontestable ; on peut joindre à
ces trois curieuses impressions d'art, Ter Doest,
Lisseweghe et Dudzeele, celles, non moins-
profondes, que fait éprouver la visite de la
ville morte de Damme, toute voisine, et des
monuments qui témoignent de son ancienne
importance .
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CONCLUSION.
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SfiSrcjour terminer, il nous resterait à parler
a ^g S de l'existence probable de restes d'autres
«BiaSB granges de nos abbayes, et notamment
de celles qui furent construites par des abbés
des Dunes, à un endroit appelé actuellement
Grande et Petite Synthe entre Mardyck et Dun-
kerque; ce Synthe fiit, à travers les siècles,
Sentines, Senthenis, Quinit, Zinitz, Sînten et
Zwynthe.
Nous avons appris, par une lettre de renseig-
nements du secrétaire de la Société dunkerquoise,
que plus rien n'existe à Synthe en fait de
vestiges de bâtiments anciens.
Il n'y a plus rien non plus, ou du moins fort
peu de chose à Zande, au nord de Hulst,
d'après une lettre de M' Collet d'Escury qui
habite dans cette contrée de la Flandre
Zélandaise.
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En finissant cette étude, il convient de dire,
pour nous résumer, que les gigantesques débris
de constructions étudiés par nous à Coxyde, à
Wulpen et à Lisseweghe, et formant une trilogie
de monuments de rare et noble aspect, sont
suffisamment curieux en eux-mêmes pour nous
permettre de nous rendre compte de l'étonnante
entreprise agricole dont nos abbayes étaient lé
centre. Les quelques excursions que les touristes
peuvent faire, grâce aux renseignements que ce
petit ouvrage contient, sont de celles qui
intéresseront, sans aucun doute, les visiteurs de
la Côte de Flandre.
Elles permettent à ceux-ci de se rendre d'une
part soit à Fumes, Nieuport ou Dixmude vers
les fermes de Coxyde et des AUaertshuizen ;
. -de l'autre côté, vers le Nord de la Flandre
maritime, ils verraient en même temps que cette
-grange monumentale de Ter Doest, le beau
■canal qui l'avoisine, le magnifique ensemble de
l'église et de la tour de Lisseweghe, et, aux
approches de Bruges, la ruine romantique de
Dudzçele, avec la ville de Damme, tant déchue,
aux si mélancoliques aspects.
Les promenades à ces divers souvenirs archéo-
logiques du XIII' siècle sont vraiment attrayantes
«t nous souhaitons que cet opuscule les &sse
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mieux connaître des nombreux admirateurs de
notre paysage dunîer.
Nous avons voulu en même temps, en étudiant
cette organisation agricole si puissante et d'un
ordre si spécial, apporter une contribution à l'his-
toire des habitations et des exploitations rurales
de notre pays.
A. Heins.
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TABLE DES MATIERES.
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TABLE DES MATIERES.
Page
Introduction 7
Aperçu historique 15
Description des granges encore existantes :
Ferme de Bogaerde, près de Coxyde 3g
Ferme d'AllaertshuizeD, près de Wulpen 53
Ferme de Hemme, près de Pecvyse 63
Ferme de l'abbaye de Ter Doest, à Lisseweghc 69
Conclusion 79
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I
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